Qu'est-ce que le GRI ? Comprendre le reporting de durabilité

Qu'est-ce que le GRI ? Comprendre le reporting de durabilité

Depuis sa création, la Global Reporting Initiative (GRI) s'est imposée comme une pionnière mondiale des normes de divulgation des informations RSE des entreprises. Utilisée par plusieurs milliers d'organisations à travers le monde, elle offre un cadre solide pour le reporting extra-financier, alliant transparence, comparabilité et amélioration des performances ESG. Cet organisme, qui a façonné le paysage du reporting durable, continue d'évoluer face aux nouvelles réglementations mondiales.

Matthieu Duault

Matthieu Duault

Climate Copywriter

Mise à jour :
19/8/2024
Publication :
5/7/2024

Qu'est-ce que la GRI (Global Reporting Initiative) ?

L'histoire de la Global Reporting Initiative

La GRI, pour Global Reporting Initiative, est un organisme international créé en 1997 à l’initiative du CERES (Coalition for Environmentally Responsible Economies) et de l’Institut Tellus, en étroite collaboration avec le PNUE, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement.

Il s’agit de la première grande initiative mondiale visant à créer des normes de divulgation des informations RSE des entreprises, qui a ensuite été suivie par le CDP, l’Union européenne avec la CSRD ou plus récemment les IFRS S avec l’ISSB qui répondent aux besoins spécifiques de certaines parties prenantes.

Ce référentiel est aujourd’hui utilisé par plus de 10 000 organisations à travers 100 pays et reste le standard de reporting extra-financier le plus utilisé au monde.

Quel est l'objectif de la GRI ?

A l’instar des grands standards de reporting extra-financiers, cet organisme, largement reconnu à l’international, a pour ambition de cadrer les normes de reporting RSE des entreprises pour faciliter la production de rapports et permettre une meilleure lisibilité et comparabilité de ces rapports.

Il a développé dans ce sens une liste de directives puis de normes visant à accompagner les entreprises dans leur reporting ESG. Les lignes directrices qu’il fournit depuis 2000 sont devenues, en 2016, des normes de divulgation. Elles sont régulièrement mises à jour et s'appuient sur les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies.

L’action de la Global Reporting Initiative vise avant tout à accentuer la transparence des organisations en matière d' environnement, de politique sociale et de gouvernance. Son champ d’action, particulièrement vaste, fait de lui l’un des standards les plus complets qui existe actuellement à l’échelle internationale.

Comment fonctionnent les normes GRI ?

Le reporting GRI est une procédure volontaire qui ne nécessite pas de faire un audit pour valider la méthodologie utilisée et les données divulguées, bien que cet audit reste conseillé et est la clé pour faire certifier ses résultats par la Global Reporting Initiative.

Le standard de reporting extra-financier de la GRI est constitué de 3 grands ensembles de normes.

  • Les normes universelles
  • Les normes thématiques
  • Les normes sectorielles
Liste des normes GRI (Source : GRI)

Les normes universelles

Comme leur nom l’indique, les normes universelles s’adressent à l’ensemble des entreprises ayant décidé de se lancer dans une démarche de reporting GRI.

Elles se composent de 3 documents :

  • Le GRI 1 : Exigences et principes d’utilisation des normes GRI
  • Le GRI 2 : Eléments d’information concernant l’organisation communicante
  • Le GRI 3 : Eléments d’information et conseils sur les thèmes pertinents de l’organisation

Les deux premiers sont une mise en contexte permettant de comprendre les enjeux liés au reporting ainsi qu’un guide permettant de formaliser sa mise en œuvre.

Le 3e doit permettre aux organisations d’identifier par la suite les thématiques à impact sur lesquelles elles devront reporter dans le cadre des normes thématiques. Pour cela elle doit mener une analyse de matérialité. 

Sur ce sujet, à l’instar de la CSRD et à l’inverse de l’ISSB, la GRI est partisane de la double-matérialité. C’est-à-dire que pour identifier les thématiques sur lesquelles elle devra reporter, l’organisation devra analyser à la fois l’impact qu’a le sujet traité sur ses activités ET l’impact que ses activités ont sur ce sujet.

Les normes sectorielles

Les normes sectorielles sont spécifiques à certains secteurs identifiés par la GRI comme nécessitant une analyse particulière compte tenu de leur singularité ou des enjeux majeurs auxquels ils sont confrontés en matière d’ESG. 

La GRI a identifié 40 secteurs prioritaires qui devront faire l’objet de normes sectorielles. A ce jour, les normes ont été publiées pour quatre d’entre eux :

  • GRI 11 : Pétrole et Gaz
  • GRI 12 : Charbon
  • GRI 13 : Agriculture, aquaculture et pêche
  • GRI 14 : Exploitation minière

Deux autres ensembles de normes sectorielles sont actuellement en cours de constitution et devraient être publiés prochainement :

  • Services financiers
  • Textiles et habillement

Les normes thématiques

A l’issue de l’analyse de matérialité menée dans le cadre du GRI 3, les organisations devront définir quelles sont les thématiques à impact les concernant et sur lesquelles elles devront reporter dans le cadre de la GRI.

Les normes thématiques s’inscrivent dans ce cadre. Elles détaillent le cadre normatif pour chacune des thématiques de reporting. 

Elles sont regroupées en plusieurs catégories

  • la biodiversité (GRI 101)
  • les normes économiques (GRI 201 à 207)
  • les normes environnementales (GRI 301 à 308)
  • les normes sociales (GRI 401 à 418)

Les émissions de GES sont intégrées dans la norme thématique GRI 305 et incluent les émissions générées par les scope 1, 2 et 3 en accord avec la définition portée dans la norme ISO 14 064.

La diversité de ces normes thématiques fait de la GRI le standard de reporting extra-financier le plus complet à ce jour et le seul, avec la CSRD, à traiter des sujets autres que le champ environnemental.

Thématiques couvertes par les standards de reporting extra-financiers

Comment se structurent les rapports GRI ?

La principes de reporting du GRI

La méthodologie mise en place par la Global Reporting Initiative s’appuie sur une liste de principes considérés comme essentiels pour garantir la transparence et la crédibilité des rapports extra financiers des organisations. Le respect de ces principes assoit la légitimité du rapport pour les parties prenantes et facilite sa consultation et sa compréhension.

Selon le GRI, ils “guident l’organisation pour garantir la qualité et la présentation correcte des informations communiquées. Ses informations de haute qualité permettent aux utilisateurs des informations de procéder à des évaluations et de prendre des décisions en connaissance de cause concernant les impacts de l’organisation et sa contribution au développement durable.”

Ces principes sont au nombre de 8.

  1. Précision

Les informations fournies doivent êtres précises et détaillées. 

  1. Equilibre

Les informations doivent être divulguées de manière impartiale, sans faire l’impasse sur les impacts négatifs de l’organisation.

  1. Clarté

Les informations doivent être accessibles et compréhensibles pour toutes les parties prenantes.

  1. Comparabilité

Les informations doivent être transmises de telle sorte qu’elles puissent être comparables dans le temps et comparables à celles fournies par d’autres organisations. 

  1. Complétude

Les informations transmises doivent être suffisamment complètes pour permettre une analyse approfondie de l’impact de l’organisation pendant la période de reporting. 

  1. Contexte de durabilité

L’organisation doit inscrire son reporting dans le contexte le plus large possible compte tenu de l’impact potentiel de ses activités sur les différents indicateurs GRI.

  1. Ponctualité

Les informations doivent être divulguées selon un calendrier précis, permettant aux parties prenantes d’en prendre connaissance en amont de leurs prises de décisions.

  1. Vérifiabilité

Les informations doivent être consignées et suffisamment complètes afin de pouvoir en vérifier la qualité et qu’elles puissent être analysées par des organismes tiers.

Quel est le processus de reporting du GRI ?

Le processus de reporting de la GRI est constitué de 9 grandes étapes qui doivent être scrupuleusement suivies par les organisations. Elles permettent de mieux appréhender le cadre de divulgation et d’identifier les impacts les plus significatifs pour l’entreprise.

Si ces 9 exigences ne sont pas respectées, l’organisation ne pourra pas affirmer avoir réalisé son reporting en accord avec les normes GRI.

  1.  Appliquer les principes du reporting

L’entreprise doit s’engager à respecter les principes établis dans le GRI1 tout au long du processus de reporting.

  1.  Communiquer les informations générales (GRI 2)

L’entreprise doit transmettre les informations générales demandées dans le cadre du GRI2 incluant les détails sur l’organisation, les entités concernées par le rapport de durabilité ainsi que les périodes et fréquences de reporting.

  1.  Identifier les thèmes pertinents

L’organisation doit déterminer ses thèmes pertinents et si elle est directement concernée par l’une des normes sectorielles de la GRI.

  1.  Communiquer sur ces thèmes pertinents dans GRI3

L’organisation doit détailler dans le GRI3 le processus par lequel elle a déterminé ses thèmes pertinents, les lister et indiquer comment elle compte les traiter.

  1. Fournir les informations demandées dans les normes thématiques pour chacun de ces thèmes pertinents

L’entreprise doit compléter les différentes normes thématiques en transmettant les données demandées et indiquer les raisons pour lesquelles elle n’est pas en mesure de compléter certains points de données.

  1. Fournir les motifs d’omission des exigences et des informations que l’entreprise n’a pas pu suivre ou transmettre

Pour chaque point de donnée qu’elle n’aura pu compléter, l’entreprise devra indiquer la raison de cette omission parmi 4 motifs : sans objet, interdictions légales, contraintes de confidentialité, informations indisponibles ou incomplètes.

  1. Publier un index du contenu de la norme GRI

L’entreprise devra fournir un index de son rapport de développement durable pour faciliter sa lecture et sa compréhension par les parties prenantes.

  1. Transmettre une déclaration d’utilisation

L’entreprise doit publier une déclaration attestant qu’elle a bien complété et publié son rapport de durabilité conformément aux normes GRI.

  1. Notifier le GRI

La dernière étape consiste à informer la GRI de l’utilisation de ses normes de durabilité et à lui transmettre la déclaration d’utilisation.

En suivant ce processus, les organisations pourront attester avoir un rapport conforme aux normes établies par la GRI.

Ce processus est résumé dans le schéma ci-dessous :

Schéma du processus de reporting GRI (Source : GRI)

Pourquoi utiliser les normes GRI dans votre reporting de durabilité ?

Les avantages des normes et directives GRI

Les normes GRI jouissent d’une large reconnaissance internationale et sont, de fait, utilisées par de très nombreux acteurs à travers le monde. Elles présentent en ce sens plusieurs avantages pour les organisations qui ont décidé de les adopter.

Transparence et redevabilité accrues: La publication d'un rapport GRI démontre l'engagement d'une organisation envers la transparence et la responsabilité vis-à-vis de ses impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance. Cet engagement renforce la confiance des parties prenantes parmi lesquelles nous trouvons les clients, investisseurs mais également les employés de l’entreprise.

Amélioration des performances ESG: Le processus de rédaction d'un rapport GRI encourage les organisations à évaluer leurs performances en matière d’indicateurs ESG. Cela peut conduire à l'identification de domaines d'amélioration et à la mise en œuvre de mesures correctives renforçant à terme leur résilience face aux conséquences du changement climatique et leur compétitivité.

Comparaison internationale: Les normes GRI offrent un cadre de reporting commun pour la communication des informations ESG, ce qui permet aux organisations de se comparer à leurs pairs au niveau international voire même de bâtir un avantage concurrentiel sur ce point, à l’heure où les performances ESG des entreprises sont scrutées par consommateurs et investisseurs.

Harmonisation avec les exigences réglementaires: Les normes GRI sont de plus en plus alignées sur les exigences réglementaires en matière de reporting ESG. Le processus est particulièrement avancé avec les ESRS de la CSRD et les IFRS de l’ISSB. Cela peut faciliter la conformité des organisations aux nouvelles réglementations et leur éviter le risque de devoir réaliser des doubles reportings selon les exigences auxquelles elles sont soumises.

Les limites des normes GRI

Malgré ses nombreux avantages, le reporting GRI présente également certaines limites.

Caractère volontaire: Le respect des normes GRI reste une démarche volontaire, ce qui signifie qu'il n'y a aucune obligation légale de le faire. Cela peut limiter l'adoption généralisée des normes et inciter les organisations à préférer de nouvelles normes de reporting extra-financiers exigées par certains pays ou ensemble de pays comme la CSRD dans l’UE ou l’ISSB.

Coûts et ressources: Le rapport GRI est particulièrement dense compte tenu de la grande variété de sujets qu’il traite. La rédaction d'un rapport GRI peut donc s'avérer coûteuse et chronophage. Ce besoin de ressources importantes peut être un obstacle pour les petites organisations.

Complexité: Le cadre GRI est relativement complexe et peut être difficile à appréhender et à mettre en œuvre pour les organisations non expertes en matière de développement durable. Une fois de plus, il nécessitera alors l’appui de ressources complémentaires, internes ou externes et donc des coûts induits.

Manque de vérification indépendante: Si l’audit des rapports GRI reste conseillé par la Global Reporting Initiative, il n'y a aucune exigence de vérification indépendante à l’inverse par exemple de la CSRD. La fiabilité des informations communiquées peut donc être remise en question par certaines parties prenantes qui privilégieront des rapports audités.

Quelle interopérabilité avec les standards de reporting ?

L’émergence de nouveaux standards de reporting à travers le monde et notamment de standards obligatoires dans certains pays a incité le GRI à renforcer l’interopérabilité de ses normes avec ceux-ci.

Si la GRI et le CDP ont, de longue date, travaillé sur l’interopérabilité de leurs deux standards sur les domaines qu’ils partagent , celui avec les IFRS de l’ISSB est actuellement en cours d’alignement.

Concernant la CSRD, la GRI a déclaré qu'une entreprise effectuant son reporting en suivant les ESRS était réputée l'avoir fait sous le GRI.  Cela évite qu'une entreprise européenne ne fasse un double reporting dans un pays où la GRI a été rendu obligatoire. Un premier mapping indiquant les correspondances entre les data points de chaque référentiel à d’ores et déjà été publié.

Niveaux d'interopérabilité des principaux standards de reporting extra-financiers

Conclusion

En conclusion, la Global Reporting Initiative (GRI) s'est imposée comme un référentiel essentiel pour le reporting extra-financier à l'échelle mondiale. Les normes GRI offrent un cadre solide pour la communication des informations ESG et peuvent aider les organisations à améliorer leurs performances en matière de développement durable.

Le GRI demeure un outil précieux pour les entreprises cherchant à démontrer leur engagement en faveur du développement durable et à répondre aux attentes de leurs parties prenantes. Son utilisation contribue à renforcer la crédibilité des rapports ESG et à promouvoir des pratiques plus durables à l'échelle mondiale.

La récente apparition de nouveaux formats de reporting obligatoires dans certains pays peut potentiellement lui faire concurrence mais la forte interopérabilité des normes GRI avec ces formats lui permet de conserver son attrait.

Sources : 

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